Dénonciation provocante des abus en tous genres
La santé n'est pas un droit. Il fallait un solide sens de la provocation pour oser un tel titre. Et pourtant et qui a lu ou lira le « Manifeste pour une autre médecine » de Guy Vallancien en sera convaicu.
Le « droit à la santé » est une revendication illusoire s'il ne s'accompagne pas d'une responsabilité individuelle et collective. Qu'est, en effet, que ce concept égoïste quand les abus de transports en ambulance, la triche à la carte Vitale, l'attribution d'aides médico-sociales de toutes sortes à ceux qui n'en ont plus besoin, les arrêts maladie intempestifs, la rélisation d'actes médicaux inutiles ou la paresse de certains hospitaliers s'accumulent pour déséquilivrer la barque de la protection sociale au détriments des plus fragiles ?
Professeur d'urologie de réputation mondiale, Guy Vallancien pointe avec précision l'incroyable désorganisation de notre système de santé. Une chirurgie publique qui disparaît lentement tant sa faible productivité opérationnelle n'incite pas les chirurgiens les plus actifs à se donner à fond. Les carences sont telles que, sur 22.000 ablations radicales pour cancer de la prostate en 2005, 17.000 ont été réalisées dans les cliniques privées à l'efficacité redoutable malgré leurs contraintes économiques.
L'acharnement thérapeutique : les techniques permettant d'éviter les opérations sont ignorées. Autant le dire, il n'existe aucune contradiction entre la volonté de diminuer les dépenses et celle d'assurer la santé et la solidarité des Français. Roselyne Bachelot a un superbe défi devant elle !
« La santé n'est pas un droit : manifeste pour une autre médecine », de Guy Vallacien (Bourin éditeur, 198 pages, 19€)